Vous avez tué votre famille ?

Au vu de la tournure de ses propos, elle avait de bonnes raisons de s'interroger. Et puis, s'il fallait un sacrifice pour le rituel, autant se débarrasser de ceux qui vous enfermaient dans cette vie mortelle : la famille. Pour sûr qu'ils ne devaient pas avoir apprécié ses recherches s'ils en avaient eu connaissance, car la sienne lui avait elle-même sans cesse rabâché que les histoires de Jedusor et Serpentard n'étaient pour moitié que des fables, et qu'ils ne faisaient que chercher une utopie, ce qui avait causé leur perte. Il n'en restait pas moins qu'ils avaient été, l'un comme l'autre, extrêmement puissants, et qu'ils avaient fait de grandes choses. Leurs noms avaient marqué l'histoire des sorciers et elle comptait bien en faire de même. La question avait été posée sans qu'elle n'ait le moindre mouvement de recul ou la moindre expression de méfiance ou dégoût. Lana se moquait bien de devoir sacrifier d'autres personnes pour atteindre le but qu'elle s'était fixé, mais elle était bien plus frileuse à l'idée de devoir donner de sa personne. Il éludait la moitié de ses questions, mais la brune n'en démordait pas. En d'autres temps, il lui aurait fait un numéro de charme mais là...Elle ignorait pourquoi, les mots sortaient de sa bouche de façon bien trop abrupte.

Et quelle différence cela fait-il de ne plus avoir d'âme ? Car c'était là sa principale interrogation. Allait-elle vivre dans un ennui permanent, à ne plus parvenir à apprécier les bonheurs de la vie ? L'intérêt deviendrait bien moindre en ce cas. Après tout, elle voulait bien évidemment garder sa jeunesse mais si c'était pour avoir une vie terne, à long terme, ce serait bien moins attrayant que ce qu'elle s'imaginait. Après tout, son cousin avait fragmenté la sienne, et il était...Purement cinglé. Mais ne l'était-il pas déjà avant cela ?

Vous avez pourtant avoué votre nature assez aisément, pourquoi ? Comptait-il s'amuser à ses dépends ? La tuer ? Pourquoi lui dévoiler qu'elle avait eu raison en le trouvant et ne pas jouer la comédie, car après tout, il semblait doué pour cela, n'avait-il pas dit lui-même qu'il fallait user de malice afin de ne pas être ennuyé et que tout cela se devait de rester secret ? Elle avait cependant bien enregistré l'information, immortel, oui, mais dans une certaine limite. Immortel mais pas invulnérable. Voilà une toute autre quête qui lui semblât bien difficilement surmontable. Mais une autre question lui taraudait l'esprit, ressentait-il la douleur ? S'il était blessé ou recevait un sortilège, s'effondrerait-il simplement ou en souffrirait-il ? Sans doute n'y avait-il qu'une façon d'en avoir le cœur net : le vérifier soi même. Elle garda cela dans un coin de son esprit, la chose n'étant pas prévue dans l'immédiat. Elle verrait si le besoin se faisait sentir et aviserait à ce moment-là. Il semblât qu'elle s'était fourvoyée lorsque, dans son emportement, elle lui avait lancé ce qu'elle pensait être la réalité de ce qu'il recherchait, cependant, ses propos la laissèrent dans l'expectative, n'ayant pas de réelle réponse à ses interrogations.

Alors qu'attendez-vous de moi ? Elle avait de quoi s'interroger, après tout, comme il l'avait dit lui-même il avait déjà tout. Et s'il ne comptait pas se jouer d'elle, quel avantage y trouverait-il ? Une égale dans cette longue vie ? Il avait vu en elle quelqu'un ayant suffisamment de potentiel pour qu'il pense de la sorte ? Mais qui lui disait qu'elle voudrait rester à ses côtés une fois qu'elle aurait obtenu ce qu'elle voulait ? Elle était déstabilisée par sa façon de dire un peu trop ce qui lui passait par la tête, et il remarqua son trouble. A sa réponse, elle comprit alors qu'il savait parfaitement de quoi il retournait et qu'il n'était pas étranger à son état.

Il est aisé pour vous de dire cela alors que vous éludez la moitié de mes interrogations, pourquoi ne pas dire clairement ce que vous avez en tête ? Et ce que vous m'avez fait ?

Elle n'en mourrait pas de dire ce qu'elle pensait, mais ce subterfuge était des plus dérangeants pour elle. Sans cela, c'était sans doute elle, qui aurait joué à ses dépends, mais en l'instant, elle n'avait aucun contrôle sur la situation et il semblait s'en délecter. Il lui proposa de le suivre en un autre lieu du manoir, et la brune le suivit. Elle semblât faire un saut dans le temps en pénétrant dans cette pièce d'un autre age. Il n'y avait pas grand chose hormis un seul tableau, immense, ce qui contrastait avec le petit salon où elle en avait vu par centaine. Elle avait levé le regard vers cet oeuvre qui était une parfaite représentation du narcissisme de son hôte. Elle l'avait senti se placer derrière elle alors qu'elle observait la peinture parfaitement réalisée, encadrée d'un bois noble. Elle se tendit légèrement en sentant ses mains sur ses épaules alors qu'elle tournait légèrement le visage vers celui de l'homme qui s'était rapproché d'elle. Un murmure, quelques mots et une question. Un sourire étira les lèvres de la brune alors que ses yeux se posaient sur la date de création de ce tableau et elle finit par se retourner vers lui, relevant le visage pour planter son regard dans le sien, déterminée à obtenir ce qu'elle était venue chercher.

Dites-moi comment faire.

McMillan, un nom bien pompeux de sang-pur. Que n’aurait-elle pas donné elle-même pour avoir le nom de son ancêtre ! Mais les siècles passant, le nom de Serpentard n’était plus, et il ne survivait que grâce à la mémoire de Salazar et son nom donné à l’une des maisons de Poudlard. Cela la dérangeait grandement, de sembler n’être rien, elle qui ne rêvait que de briller dans le monde sorcier et elle espérait réellement que jamais aucun de ses ancêtres ne s’était acoquiné à un impur. Pour sûr qu’apprendre une telle nouvelle lui ferait probablement tourner de l’œil. Il lui était inconcevable d’avoir ne serait-ce qu’une once de sang non-mage dans les veines. Elle avait pu remarquer dans la généalogie de Kiéran une sorte de gribouillis au niveau d’un de ses arrières…arrières…Mordred seul savait combien de fois arrières petits neveux, et elle avait eu un petit sourire moqueur. Crivey, Lestrange...Comme c’était pratique de pouvoir changer ainsi de nom et de se retrouver avec celui d’un sang-pur qui en impose plutôt que de celui d’un minable. Lana voyait les choses ainsi, étant manipulatrice elle-même, elle ne concevait pas que les autres puissent ne pas forcément l’être. Mais ce n’étaient pas les petites magouilles de ces gens-là qui l’intéressaient, si elle était là, c’était pour le savoir que pourrait lui enseigner Kiéran.

Oui, la vie éternelle…Une chose que tant d’hommes avaient recherché sans jamais y parvenir, à part quelques exceptions. Hors de question pour elle de finir comme Nicolas Flamel, mais bien de conserver sa jeunesse à tout prix, comme son interlocuteur l’avait fait. Toute magie avait ses faiblesses, et d’après ce qu’elle avait compris, son immortalité connaissait certaines limites, des limites qu’elle espérait bien pouvoir dépasser, ambitieuse comme elle était. Cependant, elle se contenterait bien de ce qu’il avait, dans un premier temps. Si déjà, les affres du temps pouvaient ne jamais endommager ce visage selon elle si parfait et qu’elle affectionnait tant, ce serait déjà un grand pas en avant. Quel était le prix à payer ? Voilà la plus grande question qu’elle avait. Ferait-elle tout pour garder sa jeunesse ? En réalité, qu’avait-elle de pire à perdre que cela ? Elle écoutait sa réponse quant à la complexité de vivre ainsi, semblant presque être un fardeau et c’était bien cela qu’elle craignait : que la vie perde de sa saveur. Quel intérêt d’être éternel si l’on s’ennuie à mourir ? C’est alors qu’il ajouta qu’il fallait se trouver de nouveau défis, la regardant avec une certaine insistance. Elle avait eu un petit sourire en coin, s’il voulait jouer à cela, ils seraient deux. Chacun voulait quelque chose de l’autre, mais il n’était pas dit que ce serait elle qui en offrirait le plus. Il avait bien raison de la sous-estimer et ne pas la voir comme une menace, il apprendrait bien assez tôt de quoi elle était capable et sans doute serait-il surpris. Elle n’avait rien dit, ne comptant pas le contredire sur le sujet, après tout, s’ils devaient en venir un jour à se battre, il verrait bien de quoi il retournait et même si elle n’avait pas la puissance pour le défier, elle connaissait son secret, et il lui avait dévoilé que ses capacités étaient limitées. Un poignard l’aurait-il tué ? Fallait-il plus que cela ? Elle ignorait pour l’instant jusqu’à quel niveau de résistance il se trouvait, mais elle le découvrirait, tôt ou tard.

Pour l’heure, elle avait compris que quelque chose clochait, elle n’avait pas un comportement normal en sa présence, et elle avait préféré ne pas trop en dire au risque de laisser encore s’échapper des propos hors de contrôle. Il était si sûr de lui à croire qu’elle serait simplement une petite chose docile et qu’il pourrait faire d’elle ce qu’il voulait, même la tuer si elle l’encombrait de trop. Serait-ce aussi aisé ? Bien sûr que non !

Est-ce là une menace ? Avait-elle simplement rétorqué lorsqu’il évoqua un simple sortilège à son encontre. Après tout, s’il en était venu à trouver le secret de l’immortalité, il avait surement dû se débarrasser de quelques personnes encombrantes au passage, et il ne craignait sans doute pas d’user de la plus extrême des magies. Il l’emmena alors dans une salle plus obscure, plus ancienne, semblant véritablement d’un autre temps, de son temps en réalité. Et là, elle y découvrit un tableau où il était peint, figé dans cette fresque et dont l’apparence était inchangée malgré les dizaines d’années écoulées. Oui, c’était cela qu’elle souhaitait et bien plus encore. L’ambition des Serpentards n’avait véritablement pas de limites…La brune eut un petit sourire amusé, semblant sans doute le défier lorsqu’il lui avoua qu’il ne pouvait la laisser fuir avec un tel secret et elle répliqua :

Et comment comptez-vous me forcer à rester ? Vous allez m’enchainer ?

Un sourcil relevé, elle était bien curieuse d’entendre sa réponse sur le sujet. Elle était prête à apprendre, plus que prête, il était impensable qu’elle quitte les lieux sans savoir comment atteindre son but ultime. Elle désirait cela depuis ce qui lui semblait être une éternité… Ils étaient proches, le regard de l’un dans celui de l’autre, et lorsqu’il lui demanda ce qu’elle était prête à offrir, prenant son visage entre ses doigts, elle crût véritablement qu’il allait l’embrasser, mais au lieu de cela, il lui tourna le visage vers le tableau, lui demandant jusqu’où elle était prête à aller pour ça. Quels sacrifices ferait-elle ? Tous, certainement, mais ils ne devaient pas penser de la même manière sur le sujet. Au vu des propos tenus un peu plus tôt, il attendait à ce qu’elle donne de sa personne, et elle…Elle donnait lorsque cela ne lui demandait pas un sacrifice personnel. Il voulait des esclaves ? Elle lui en amènerait. Qu’elle crée une guerre civile ? Qu’il claque des doigts et c’était fait. Mais elle sentait que si elle lui disait cela, il relèverait un sourcil, un sourire amusé sur le visage et ajouterait : "mais encore ?"

Mais encore… Que pourrait-elle bien promettre à un homme qui avait déjà tout si ce n’est la distraction de lui amener tout ce qu’il pouvait quémander, hormis elle-même ? Il la déstabilisait, sans doute parce qu'au fond, ils se ressemblaient énormément. elle aurait aisément pu croire qu'ils étaient de la même ascendance si elle n'avait pas vu sa généalogie. Que lui offrir alors qu'il semblait ignorer lui-même ce qu'il pouvait bien vouloir ? Repensant à tout ce qu'il avait pu lui dire, elle finit par tourner son visage vers lui et c'est avec un ton calme qu'elle finit par lui répondre :

Vous avez beau dire ne pas me craindre et me croire peut-être faible, vous avez également évoqué les avantages que j'avais, ne pensez-vous pas que vous allier à moi vous apporterait beaucoup ? Vous avez vécu assez longtemps pour savoir qu'une femme qui désire quelque chose l'obtient toujours, et ce que je désire, vous le savez mieux que quiconque, et je l'obtiendrai quel que soit le moyen.

Vous avez beau me faire croire que vous me pensez inoffensive pour vous, vous savez qu'en réalité, nous sommes loin de cela, tout simplement parce que vous vous retrouvez en moi. Pensez-vous que je sois dupe de ce petit jeu de manipulation ? Que je ne vois pas au-delà de ce sourire charmeur ? J'use des mêmes armes, j'ignore juste comment vous avez fait pour me délier la langue aussi aisément. Un sortilège ? Mais comme vous l'avez dit, jouons cartes sur tables, et puisque je n'ai d'autre choix de le faire, faites en de même.

Si je dois m'installer ici, il me faut des affaires, mais ne vous imaginez pas que je plierai à tous vos caprices, je ne suis guère ici pour être votre servante en attendant que vous acceptiez de me dévoiler au compte goutte quelques informations jusqu'à vous lasser et me jeter dehors sans avoir obtenu ce que je voulais. Vous craignez que je dévoile votre secret si je sors ? Soit. Mais sachez que je ne resterai pas enfermée non plus. Si vous souhaitez poser des règles, j'écoute, et j'espère que vous saurez vous montrer aussi raisonnable que vous semblez l'être et si vous craignez tant que je parle alors...plutôt que de tenter de me museler, accompagnez-moi. Vous savez de toutes façons que rien n'aura plus d'importance que cette quête là.

Elle avait terminé sa tirade, elle qui s'était contenue sans doute trop longtemps d'ouvrir la bouche. Mais les choses étaient posées. Suivre des consignes ne la gênait pas, elle pouvait comprendre ses craintes, mais elle n'était ni un animal ni une esclave, elle ne pourrait rester enfermée et obéir sagement en attendant que son "Maitre" décide ce qu'elle avait le droit de faire ou non.

Lana n’avait pas eu peur de se présenter chez un parfait inconnu en espérant en apprendre davantage sur sa quête. Elle restait dubitative mais chérissait le secret espoir de ne pas s’être trompée, que ce n’était pas là une simple fantaisie que d’appeler un de ses enfants comme l’un de ses grands-parents mais qu’il s’agissait bien là de la même personne, vivant depuis des décennies, sans que cela n’ait le moindre impact sur son apparence. Nicolas Flammel avait été bien loin de ce résultat même s’il avait eu une vie bien plus longue que la normale, mais dans quel état avait-il terminé ? Non, cela, elle ne le souhaitait pas. Plus que d’allonger sa vie, c’était la jeunesse qu’elle souhaitait garder. Si elle avait eu connaissance des contes moldus, elle aurait sans doute pu s’apparenter à la marâtre de Blanche Neige, cherchant cette jeunesse et cette beauté éternelles et se montrant prête à balayer quiconque lui barrerait la route. Après tout, ces histoires devaient bien venir de quelque part, et sans doute qu’un jour une sorcière y était parvenue et qu’était alors né ce conte très certainement remanié de façon à donner une belle leçon de morale à la fin, enfonçant dans le crane des enfants qu’il fallait rester une petite chose mignonne et bienveillante et ne pas s’approcher du pouvoir. Heureusement qu’elle était bien loin de ces considérations, et dans sa famille, on faisait bien tout le contraire de ce qui était gentiment sous-entendu dans ces contes. Non, les Ackerley et les Serpentards auraient eu le mauvais rôle dans ces histoires. Étaient-ils réellement mauvais pour autant ? Sans doute en partie car l’égocentrisme pouvait pousser à pas mal de choses terribles…

Lana trouvait étrange l’attitude inhabituelle qu’elle avait au contact de Kiéran, laissant transparaitre un peu trop le fil réel de ses pensées plutôt que de se jouer de lui, essayant de le charmer pour obtenir ce qu’elle souhaitait. De son côté par contre, on ne pouvait pas dire qu’il était tout aussi honnête même s’il distillait certaines informations au compte-gouttes. Lana avait bien remarqué le regard qu’il posait sur elle, un regard auquel elle était habituée, car après tout elle en jouait, même au travers de son métier. La jeune mannequin savait qu’elle plaisait et qu’elle avait, généralement, peu de mal à amadouer les hommes…Et l’on disait que c’étaient les femmes, le sexe faible ? Connerie. L’échange était plutôt cordial, il était même intéressant, mais il y eut un moment où il eut raison de la patience de Lana et de ses nerfs : Lorsqu’il lui annonça qu’elle lui appartenait. La prenait-il pour un joli bibelot à exposer et avec lequel s’amuser lorsqu’il serait lassé de…De quoi d’ailleurs ? A quoi pouvait bien passer ses journées un homme qui avait l’éternité devant lui ? Elle ne s’imaginait pas que l’esprit du MacMillan s’était déjà imaginé bien des choses la concernant, jusqu’à la voir comme un incubateur sur pattes pour obtenir une descendance, et certainement que si elle avait compris cela, elle n’aurait fait que s’énerver davantage. Ils était évident que tout deux voulaient quelque chose de l’autre, mais pour l’heure, ces deux choses ne se rejoignaient pas encore. Lana était-elle prête à faire « sacrifice » de son corps pour obtenir ce qu’elle voulait ? Non. Si cela devait se faire, ce serait parce que l'envie y était, pas parce qu'elle l'aurait marchandé.

Elle détestait cette sensation de ne plus véritablement se contrôler, d'au final, ne plus s'appartenir et de le voir s'amuser avec elle. Si elle préférait garder le silence, c'était bien parce qu'elle n'était pas dupe et l'enjeu était trop important pour risquer de tout faire rater. Quitter les lieux ? Non, elle n'en avait pas réellement envie, car cela ne lui apporterait rien, elle craignait cependant que l'homme ne lui impose trop sa volonté, sachant pertinemment qu'elle souhaitait obtenir quelque chose de lui.

Partir alors que je touche au but ne m'apporterait rien mais il n'en reste pas moins que j'ai pas mal d'interrogations vu le discours que vous tenez.

Finalement, elle avait dit ce qu'elle en pensait, et ce qu'elle pensait que lui même pensait -vous suivez ? Parfait !- car après tout, se serait-il embêté à lui parler plus de deux minutes et à lui faire faire le tour du propriétaire, lui indiquant qu'elle pouvait s'installer là, s'il ne voyait pas en elle du potentiel ? Ou alors...Il avait envie de s'amuser à ses dépends, et pour sûr que dans ce cas là, la jeune Ackerley ne se laisserait pas faire. Elle avait beau être, très certainement, moins puissante que lui, elle avait cependant cette hardiesse due à son age et son ascendance qui faisait qu'elle ne craignait pas le fait qu'il puisse avoir le dessus sur elle et sans doute avait-elle tort sur ce point.Elle s'était retrouvée avec un nouveau verre à la main, si cela continuait ainsi, elle allait finir complètement ivre, elle qui était peu habituée à boire. Elle le posa donc sur un guéridon après y avoir trempé ses lèvres et l'écouta attentivement, un petit sourire se dessinant au coin de sa bouche alors qu'elle relevait un sourcil.

Vous craignez réellement que je puisse révéler la source d'un tel pouvoir ? Si cela vous rassure, soit, faisons donc ce serment, je n'ai là aucune crainte de devoir l'outrepasser un jour.

Oui, elle savait bien ce que cela voulait dire, mais pour quelle raison irait-elle donner une telle information ? Son égo, dans tous les cas, la pousserait à se taire car elle voulait être exceptionnelle, et même unique. En ce sens, si elle y parvenait...Kiéran aurait-il à s'en méfier ? La question demeurait entière. Il avait repoussé le verre dans sa direction, l'invitant, la poussant même à consommer et elle avait repris une infime gorgée alors qu'il ajoutait qu'il pouvait lui apprendre bien plus que le rituel de vie éternelle, il pouvait lui apprendre à empoisonner les gens à leur insu. Le regard qu'il porta sur le verre ne la rassura guère, cependant la brune resta stoïque et finit par lui demander :

Vous sous-entendez que vous m'avez droguée ? Qu'y avez-vous mis ?

Cela expliquerait l'attitude un peu cavalière avec laquelle elle lui répondait, qui semblait bien lointaine de celle qu'elle adoptait en temps normal et qui s'avérait être davantage dans la séduction. Elle restait attentive à chacune de ses paroles, à chacune de ses réactions, car même s’il restait dans une attitude assez neutre, sans le moindre emportement, il y avait cependant cette façon de lui sourire ou de la regarder qui pouvaient laisser transparaitre ce qu’il avait en tête, et Merlin savait qu’elle aurait pu payer cher pour savoir ce qu’il s’y passait réellement ! Il s’était rapproché, passant sa main sur sa joue, leurs nez s’effleurant et pendant un instant, elle ferma les yeux. Oui, elle craignait que le temps ne passe trop vite, qu’elle n’arrive à atteindre son but que bien trop tard et il sembla la rassurer sur ce point, cela dit, même si elle revenait à l’apparence qu’elle avait à présent, se voir dépérir, car c’est ainsi qu’elle voyait les choses, la terrifiait, même si c’était temporaire.

Peut-être…Avait-elle simplement répondu à sa demande car au fond elle restait indécise sur certains points. Oui, elle était prête à apprendre et à travailler pour atteindre son but, elle l’était beaucoup moins à l’idée de lui « appartenir », ayant du mal à cerner réellement ce qu’il attendait d’elle, cependant, elle eut en cet instant une réaction qui la surprit elle-même alors qu’ils ne se trouvaient qu’à quelques centimètres l’un de l’autre, car elle se redressa un peu plus pour poser ses lèvres sur les siennes.